Publication - 4 saisons sur la langue - août 2012 - Éditions du Petit Véhicule


4 saisons sur la langue / Éditions du Petit Véhicule
114 pages - format 15,3 cm x 21,3 cm
relié à la chinoise
ISBN : 978-2-84273-907-2
Édition classique : 14 euros

"Chaque soir
jeter un regard vers
le soleil plombé
y voir grouiller
poussières d’insectes
et empires végétaux
Chaque soir
accrocher ses yeux
à la boule de lumière
quand elle ressemble
à un animal
en voie d’extinction"


Édition de luxe (numérotée à 20 exemplaires) :
28 euros

Pour commander, vous pouvez m'envoyer un mail
ou bien envoyer un chèque à : 
Éditions du Petit Véhicule
20, rue du Coudray
44000 Nantes

Leur blog ICI, leur site .

Mise à l'échelle

© photo : Susan Bryant

On est vraiment
peu de choses
si l'on considère que
la terre est une bouloche
coincée dans un nombril

Attendre au chaud


Planqués
au fond des jours
dans nos terriers lumineux
un peu d'amour
au fond du ventre
et la chaleur de
quelques baisers

Les cris

© photo : Peter G Hall

Les cris sont des boomerangs
qui reviennent se planter
dans le cœur

Expéditeur recherche destinataire


Il aurait tant voulu que 
cette journée soit
aussi simple et agréable
que de coller un timbre
sur une enveloppe
adressée à une amie
dont il admire le devant
le derrière
et l'intérieur
mais les évènements
se succédant
il a plutôt fait dans
le colis recommandé
scotché aux quatre coins
et remis contre signature à 
un inconnu

Même le ping-pong demande une certaine concentration


Plusieurs minutes que
le silence jouait
au ping-pong avec
nos oreilles
quand il a garé
sa bagnole tuning
juste en bas
avec tout ce que ça implique de
boum boum
avec tout ce que ça implique de
turbulences de pot d’échappement
Alors le silence et nos oreilles
déconcentrés
ne rattrapant plus
qu'une balle sur deux
ont fini par
lâcher leurs raquettes
pour aller taper la discute avec
quelques pépiements d'oiseaux
accoudés à la porte entrebâillée
de la cuisine

Le matin tend ses pièges


Ce matin le réveil
était une peau de banane
jetée aux pieds
de mes rêves

Éduquer son chiot pour les nuls


Elle est assise
sur un poteau en granit
devant le supermarché
en train de lire
"Éduquer son chiot pour les nuls"
et à ses pieds
au bout de la laisse
une boule de poils regarde
les gens passer avec
les yeux d'un chien qui sait
qu'à partir de demain
sa vie ne sera plus jamais
comme avant

Bien entouré


Chaque journée
qui passe possède
une veille et
un lendemain
mais peu d'entre-elles
peuvent se payer le luxe 
de s'éteindre
en leur tenant la main

Bain de soleil


Il prenait
un bain de soleil
et la vie lui
frottait le dos
quand l'ombre
d'un doute
est passée par là
pour lui piquer
son sourire

Attise

© photo : Robert Park

Nous économiserons
nos soupirs
pour faire du feu

Vivre dangereusement


Comme ces gouttes de rosée
que le soleil empêche
d'atteindre le bout
de la feuille

Pyromane


Les bourdonnements de la ville s'endorment à la fenêtre. La nuit est revenue jusqu'ici s'étendre sur le rebord. Un vieil homme marche en bas dans la rue, crache un mollard, pose une main sur un mur, tousse et repart. Ici une étoile sur deux est inutile, à la merci d'un immeuble ou d'un nuage. Le silence se paye au prix fort entre deux cris de moteurs. D'un coup d’œil, un chat errant balaie les ruines d'une journée trop longue. L'heure de fermer la fenêtre, de laisser tout ça dehors, d'attendre qu'une obscurité puissante fasse un peu de tri dans le vacarme. Une cigarette tombe et rougeoie au pied de l'immeuble. Un centimètre carré d'incendie regarde la nuit dans les yeux en se foutant de sa gueule.

Leurs ombres


Leurs ombres
se sont caressées
près de l'arrêt de bus
leurs ombres se sont aimées
Elles n'ont fait
plus qu'une
en attendant le bus
puis il s'est mis
à pleuvoir

Chevauchée fantastique


Ligoté par l'insomnie
l'aube se taille
à dos de nuages
Sa crinière invisible
ébranle les arbres
puis plus rien
Le jour pose sa main
sur mon épaule

Points de repères


Un courant d'air m'a traîné
jusqu'à la fenêtre qui claque
Dehors deux chauve-souris
barbotent dans la nuit
un chien s'égosille
un chat perd son combat
Les incertitudes de l'homme
doivent beaucoup à
la détresse des animaux

Un mal pour un bien


Ce qui te glisse
entre les doigts
ce qu'il te faut serrer
tout contre toi
ce que tu dois
emprisonner pour
être libre

Deux poings


Un post et pas mal d'extraits de "Deux poings ouvrez les guillemets" (ma dernière plaquette parue en complément de la revue Microbe) sur le blog de Cathy Garcia ce matin. Merci à elle !
S'il y a des intéressés pour en recevoir un exemplaire, envoyez-moi un p'tit mail...

Finir son assiette


Nous rentrons
en nous donnant la main
Il n'est pas très tard
La date de péremption du jour
est tout juste dépassée
Nous mordons quand même
dedans
les yeux ouverts au maximum
Rien à foutre d'être malades
nous n'en sommes pas
à notre première indigestion
C'est une journée à croquer
jusqu'à la dernière bouchée

Si tu l'dis...


Tout à l'heure
alors que je faisais le ménage
je me suis accordé 
une pause pour
taper la discute avec
une grosse mouche à merde
(en pause elle aussi
dans un coin de fenêtre)
Elle m'a dit
bzzz bzzz bzzz
bzzz bzzz bzzz

Sur le cul que j'étais
scié

J'avais bien vu que
l'été était mal parti
mais tout de même
bzzz bzzz bzzz !

Et je peux vous dire
qu'elle en connaît un rayon
en matière de
soleil sur les vitres

Refaire le monde


Les voisins du dessous
bricolent depuis des mois
usent les marteaux
poussent les armoires
se crient des trucs
de bricoleurs
Impossible de savoir
ce qu'ils sont en train
de refaire
mais si on se fie
au dérangement occasionné
je tablerais bien sur
une cathédrale ou
peut-être même
le monde

Suprématie des becs


À l'ombre du cerisier
champ de bataille sucré
mille cerises éventrées
Cette année les merles
ont encore gagné

Remplir le silence


Au milieu de la nuit
le  chuchotement de
tes pieds nus
dans le couloir
Tes pas
taxidermistes
du silence

Les crocs

© photo : Peter Beard

Il appartient au temps
de nous prendre
dans sa bouche
d'attendrir notre peau
et de nous avaler

Guet-apens


Chaque matin la lumière
me traîne dehors
pose ses rayons
sur mes tempes
tremble un peu
glisse sur ma nuque
Chaque matin la lumière
me prend en otage
obtient de moi
le silence
fait de mes convictions
sa rançon

Ce qu'il faut traverser


On traverse
les épreuves
comme on traverse
la route
en se tenant la main
et en regardant bien
de chaque côté

Louveteaux égarés


Elle aurait aimé
lui dire avant qu'il parte
que la misère du monde
ne tient pas dans deux cœurs
et que vivre
souffles et soupirs emmêlés
est une prouesse
de louveteaux égarés

Publication - Champs d'altitude - juillet 2012 - Nuit Myrtide


Ce portfolio se présente sous la forme d'une pochette de cartes postales : 9 photos et 2 textes à quatre mains (Thomas Vinau - Guillaume Siaudeau et Dimitri Vazemsky - Jérémy Liron).
Champs d’altitude est un projet à la fois photographique et d’installation in situ.
Dans le processus de création, Olivier de Sépibus a mis en place un même protocole de construction pour toutes les installations : Un cube de dimensions identiques se répète neuf fois, architecturé différemment selon le paysage dans lequel il est installé. Les images jouent des stéréotypes et des références de l’imaginaire de la montagne.

Extrait : "Omniprésence du temps. Carré d'herbe fraîche. Forme géométrique ou poussière de panorama. L'angle droit planté sous la carotide du ciel. Un flocon de neige, un amas de branches dressées, seuls peuvent lutter contre une saison. La sève du paysage qui goutte sous les paupières. Une forme qui se dessine, entre le dos courbé d'un animal sauvage et l'ombre d'une colline."

Portfolio / Nuit Myrtide
Photos d’Olivier de Sépibus
Textes de Guillaume Siaudeau, Jérémy Liron, Thomas Vinau et Dimitri Vazemsky.
ISBN 2-913192-99-8
Prix : 10 €

Pour commander, c'est ICI.

Les joues sèches


De ces tristesses étanches
qui ne mouillent pas les joues
comme les orages d'été
qui tournent autour du pot
puis finalement renoncent

Singing with the rain


Ce petit air de défaite
siffloté par  la pluie
tout au fond des dimanches
qui résonnent